Translate

dimanche 9 mars 2014

Il vaut mieux être un Socrate malheureux qu'un porc satisfait




Il vaut mieux être un Socrate malheureux qu’un porc satisfait.

Telle est ma devise ! C’est elle qui m’a permis de me battre et d’encaisser mes échecs.
L’artiste ne doit pas définir son but, il doit avancer, il doit chercher, toujours seul, malheureux, incompris des hommes qu’il devance.
C’est cet état instable qu’il faut préserver, car c’est dans l’attente de cette recherche que se trouve le sens de la vie, que se trouve le bonheur.
Continue à lutter toujours, ne t’arrête jamais, ne te contente pas d’un état confortable : souffre, apprend à aimer la souffrance, la lutte âpre et cruelle qui te prend aux tripes, qui te donne envie de t’accrocher passionnément à la vie, qui te donne envie de lutter avec elle.
Le charme de la vie, c’est cette lutte inégale de l’homme avec elle. L'homme qui, avec ses faibles moyens, croie qu'il va gagner et qui s'acharne. Mais la grandeur de l’homme vient de ce qu’il sait perdre devant elle, sans abandonner les armes.
On est heureux quand enfin on ne cherche plus le bonheur, et surtout pas le confort matériel.
Je ne me contente pas des apparences de la réussite, ni du succès immédiat, je veux toujours aller plus loin, au fond des choses, de la vérité, de la beauté, des vraies valeurs de la vie. Je ne veux pas m’arrêter, car c’est faire des concessions à ce qui est grand, à la Vie. C’est pourquoi je suis souvent malheureuse, car le bonheur n’est pas encore pour moi. Il faut chercher, toujours chercher sans s’arrêter ; se reposer oui, quelquefois, mais  vite repartir avant de céder à la facilité, au bien-être de vivre dans une illusion douceâtre. Quand je suis malheureuse, je tourne à vide, et c’est seulement en moi que je dois puiser l’énergie nécessaire pour en sortir et non pas dans les choses extérieures, le matériel, car tout cela est factice. Cela nous permet seulement de vivre, cela nous encourage un peu, c’est tout.

« Penser contre son temps, c'est de l'héroïsme et le dire, c'est de la folie » (Ionesco)


                                                     Écrit en mai 1969, à l’institut Pasteur.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Remarque : Seul un membre de ce blog est autorisé à enregistrer un commentaire.