Donner – Aimer
On croit que c’est facile de
donner, mais il est plus difficile de recevoir que de donner. Pour recevoir, il
faut être humble, alors que donner et parfois un geste d’orgueil : on a besoin
de la reconnaissance des autres pour vivre, donc on les gâte, on leur donne ce
qu’ils attendent, ils vous disent merci et on est quelqu’un de bien... On
existe ainsi !
Le
véritable don d’amour, c’est « l’Agapè » ; c’est donner
gratuitement, sans retour, même à celui que l’on n’aime pas trop.
On
peut se contenter d'un autre mot d'amour, c'est « Philia »
C’est
un amour d’échanges : je te donne et je reçois, je partage ce que je suis et je
reçois ce que tu es. C’est l’amour humain proprement dit entre deux personnes
équilibrées en amour. C'est l'amour des egos où chacun est le soutien de l'autre
et l'aide à aller vers le meilleur de lui-même.
En réalité, nous donnons souvent
aux autres, à nos enfants, ce que nous aimerions ou que nous aurions aimé
recevoir. Ce que nous appelons « bien » pour nous, nous l’appelons
« bien » pour l’autre, alors que nous ne le connaissons pas
profondément et que nous voulons lui imposer ainsi nos valeurs, nos gouts. Cela
se voit souvent dans les actions « dites humanitaires », où l’on ne fait pas
assez d’anthropologie avant de donner ce que l’on croit « bien » chez
nous, parfois le meilleur, à des peuples qui ne sont pas fabriqués,
conditionnés comme nous et qui n’ont pas la même hiérarchie de valeurs : ce don
n’est pas perçu comme un geste altruiste mais comme une atteinte à leur dignité.
C'est pareil avec les enfants, on
leur donne ce que l'on croit être le meilleur pour soi et cela ne trouve pas d'écho,
soit parce que l'on donne ce que l'on aurait voulu avoir ou recevoir et on
comble ainsi un manque psychanalytique. Ce n’est pas l’Agapè, c’est de l’ego.
Soit, parce que l’on croit que les valeurs que l’on veut donner sont les seules
vraies et justes, ce n’est pas de l’Agapè, c’est de l’orgueil !